Coup de gueule

Citation :

Baiser fait mal à une fille sur sept
par Amélie Daoust-Boisvert

Oui, tant que ça. La fréquence exacte reste inconnue, mais les études tendent à confirmer que 15 % des femmes ont mal à chaque rapport sexuel, à une certaine période de leur vie.

Un mal incompris qu’on guérit rarement et une source de frustration et détresse pour ses victimes directes et collatérales, les conjoint(e)s. Il reste plus fréquent que la dysfonction érectile chez les moins de 50 ans, mais ce vent vient probablement à vos oreilles pour la première fois, tout comme à mon traitement de texte qui n’y comprend rien. Le syndrome de la vestibulodynie, anciennement appelé syndrome de la vestibulite vulvaire, en est la cause la plus commune. L’âge moyen? La vingtaine. Des filles qui ne sont ni frigides, ni atteintes d’une MTS (bien que l’herpès cause aussi des douleurs), ni folles. Une scientifique canadienne, Rosemary Basson, a réussi à faire passer le message dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet de début février. Elle y voit une première victoire sur le monde médical et scientifique, qui commence à peine à poser un regard gêné sur l’entrejambe des femmes.

Médicalement, une douleur sévère caractérise ce syndrome, au touché, pendant les relations sexuelles, ou même à longueur de journée chez certaines. Humainement parlant, «j’ai l’impression qu’une lame de couteau me coupe le bas du vagin en plus des brûlements intenses», avoue June. Sous un pseudonyme, cette femme partage son expérience avec des centaines d’autres sur un groupe de soutien sur Internet.

Les compagnies pharmaceutiques n’ont pas commercialisé de petit losange bleu contre ce mal. Il n’y a pas plus de diagnostic infaillible que de traitement miracle. À la place, un gros tabou peinturé dans le coin, paradoxe affligeant alors que notre monde nage littéralement dans le sexe. L’obtention d’un diagnostic est de deux ans en moyenne, souvent plus. L’ignorance est répandue chez les membres de la noble profession médicale, même chez des gynécologues qui ont le nez «là» à longueur de journée. «J’en ai parlé à ma gynéco, et elle m’a regardé bizarrement; elle a dit que tout était normal, que j’allais très bien et que si j’avais mal, c’était psychologique!», dit Noisette.

Étiologie inconnue, déclarent les publications scientifiques les plus récentes. En langage clair, faute d’investissements suffisants en recherche, on ignore les causes de la maladie. Plusieurs professionnels de la santé s’entendent pour dire qu’une combinaison de facteurs entre en jeu. Les hypothèses dérivent de l’inflammation chronique aux problèmes neurologiques, en passant par la prise de la pilule ou l’alimentation. À ces tentatives d’explications multiples répondent des traitements tout aussi hétéroclites. Crèmes, médicaments, physiothérapie, opération … le taux de succès semble variable et sans garantie. Dans tous les cas, ce n’est pas «dans la tête», mais les séquelles psychologiques existent. À force de galérer de médecin en médecin avant de tomber sur la poignée de spécialistes québécois qui peuvent se vanter de savoir de quoi ils parlent, plusieurs participantes du groupe de soutien témoignent de l’angoisse et du désarroi qu’elles ressentent. «Si je n’étais pas tombée presque par hasard sur ce forum, je serais toujours en train de chercher la cause de mon mal», dit Saba. Marie-Rosée lance un cri du cœur: «bon Dieu, il n’y a pas moyen d’avoir un sexe normal dans la vie?» Du moins, les travaux d’une chercheuse de l’UQAM – Sophie Bergeron, une pionnière de la recherche à ce sujet — ont mené à l’élaboration d’un programme de gestion de la douleur et de séxothérapie.

Révoltée devant tant d’obscurantisme sur la sexualité féminine, j’ai décidé de lever le tabou. Ce n’est pas une journée de la femme par année qui fait avancer les choses. L’espoir existe pourtant. Après avoir vu un médecin compétent, plusieurs femmes écrivent pour raconter une guérison partielle ou complète. Voilà pourquoi il faut en parler, même si ce n’est pas un sujet très excitant pour les manchettes, les conversations entre amis ou avec une nouvelle flamme. Conscientiser quelques lectrices — et lecteurs! — vaut sûrement le coup de me faire demander pendant toute la prochaine semaine: «Comment ça se fait donc, Amélie, que tu connais cette maladie?» Vous ne lisez pas The Lancet, vous?

Amélie Daoust-Boisvert
Aide et renseignements :http://www.groupeelva.org

http://www.impactcampus.qc.ca/opinions/20070312/002836.html

c'est une blague ? Oo

Non je crois que c'est vraiment un vrai truk.
c'est sur que certaine femme on mal pendant.

j'avoue que je ne connaissais pas du tout. Effectivement quand quelque chose marche comme il faut on se pose pas trop la question de savoir si ça marche bien chez le voisin en l'occurence la voisine...

Merci Joyce d'avoir mis cet article.

Je connais ce problème parce qu'une de mes amies nous avait avoué, lors d'une soirée bien arrosée^^, qu'il lui arrive d'avoir mal pendant... mais je pensais qu'elle était un cas à part (ce qui n'est pas faux pour plein d'autres choses d'ailleurs^^) ou que c'était psychologique... du coup je me sens un peu conne là.

Je lui copie cet article tout de suite parce que je ne sais pas si elle même est au courant du nombre de femme que ça touche.
Moi je suis super impressionnée, purée 15% c'est carrément énorme !!!